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Entre la Sarthe et l’Orne, une sortie mémorable !

Notre ami Gwendal, infatigable, nous réjouit d’un beau récit aux saveurs normandes…

Ceux qui me connaissent bien savent que mon vélo n’est jamais très loin de moi, même quand je pars en week-end. En effet chaque week-end que je passe hors de Nantes est une formidable occasion d’arpenter les routes locales, occasion unique de partir à l’aventure, du moins d’en avoir l’impression. Emmener le vélo n’est en soi pas une chose compliquée avec le porte vélo, une fois sanglé, en voiture Simone !

Pour trouver un parcours rien de compliqué non plus, de nombreux sites proposent des parcours (openrunner, alltrails, veloenfrance), difficile de ne pas trouver son bonheur, une fois le parcours chargé sur le GPS, plus qu’à suivre la trace ! L’avantage, même si quand on ne connait pas les routes de la région, une part d’aventure subsiste, est que cela permet de suivre des traces de cyclistes locaux, et donc à la clé de bons endroits à arpenter !

C’est donc remonté à bloc, et tout fier d’avoir trouvé un parcours tiré d’un brevet, que j’attendais avec impatience ce week-end familial dans l’Orne. J’avais quand même une sacrée appréhension du fait de rouler seul sur des routes que je ne connaissais pas, notamment du point de vue sécurité (je trouvais que les automobilistes roulaient très fort dans l’Orne) mais j’avais prévu de quoi être visible pour être tranquille sur ce point.

Ce matin j’ai donc enfourché mon fidèle Triban pour ma dose hebdomadaire d’endorphine, le tout avec de bons dénivelés à la clé : initialement je ne savais pas si j’irais au bout mais je me disais que 70km ça restait accessible. Et puis il aurait été tellement dommage de ne pas profiter des hauteurs locales pour s’amuser.

Première étape rejoindre Condé sur Sarthe, pour cela je traverse une ville d’Alençon fantomatique, mis à part quelques joggeurs et des automobilistes matinaux, je ne croise personne, je suis seul sur la route. Arrivé à Condé sur Sarthe, je suis à peine chaud (à rouler la température ne doit pas dépasser les 5°) et voilà que les premières côtes apparaissent. L’échauffement étant à peine terminé, je me réchauffe assez vite tant certaines difficultés sont casse-pattes. De leur côté les descentes sont à l’image des montées, bien raide et parfois sur des routes assez étroites : je commence à comprendre ce qui m’attend avant de rejoindre le point culminant du signal d’Écouves, ce seront des montagnes russes tout le long jusqu’à atteindre la hauteur maximale de 413m au cinquantième kilomètre.

Du côté du paysage, bien qu’Alençon ne soit pas une grande métropole, je me retrouve vite sur des routes de campagne plus ou moins larges et encore plus vite entouré de champs encore brumeux du matin. Je me sens presque privilégié devant ce spectacle car je ne croise personne, même pas d’autres cyclistes, le seul bruit qui vient troubler le silence est celui de la roue libre quand j’arrête de pédaler. Autour de moi des champs à perte de vue mais aussi la forêt d’Ecouves perchée tout là-haut, forêt qui semble ne jamais disparaitre du paysage et qui agit comme un aimant.

En quittant les départementales au profit des routes communales je traverse des villages figés dans le temps, je pense notamment à Chahains, petit village comptant à peu près 90 habitants : c’est comme si les années n’avaient aucune emprise sur ceux-ci. Bien que je retrouve les classiques chapelles, mairies et terrains de foot, il y a même parfois des écoles communales semblant sortir tout droit du 19ème siècle tant par leur architecture que les devises écrites sur le fronton de celles-ci. Toutefois une chose semble faire loi dans toutes les communes traversées, il y réside un calme de chapelle alors qu’il est presque 10h30, seuls quelques bar-tabacs semble perturber le calme de ces villages.

A force de monter et descendre, j’ai, honnêtement, peu utilisé mon plateau de 50 pour le moment, mais la forêt d’Écouves et ses routes forestières semblent si proches maintenant, je continue donc sur ma lancée. À ce moment-là je sens que mes jambes se réveillent, mais, porté par l’exaltation du moment que je vis, je ne sens pas tellement les premières douleurs, je me sens au contraire surpuissant ! Entre deux essoufflements je fredonne « Live Forever » de The Highwaymen tant je me sens bien sur ces routes.

Un peu plus loin un panneau m’indique que j’emprunte une route forestière, encore plus loin un autre que je rentre dans la forêt d’Écouves, une joie encore plus grande s’empare de moi car j’ai atteint mon but, enfin je ne suis pas encore au sommet. Dans une forêt parée de sa teinte automnale, je croise un peu plus de monde dans ce décor fort plaisant, essentiellement des ramasseurs de champions drapés de leur panier et gilet jaune (pour cause de chasse en cours) mais aussi des vététistes (il faut dire que ça doit être un formidable terrain de jeu).

Au détour d’un croisement je tombe sur un char Sherman exposé au bord de la route, profitant de la lecture de la plaque explicative pour reprendre une bonne dose de sucre, j’y reste une dizaine de minutes car je croise d’autres cyclos, une discussion s’engage. Ils me conseillent une direction pour retourner à Alençon, hasard ou pas ce sera par cette direction que le GPS me fera passer.

En chantonnant toujours des chansons de folk ou bien du Creedence Clearwater Revival, une nouvelle vue m’impose un arrêt pour admirer le paysage et immortaliser le moment à l’aide de mon téléphone. En effet des arbres ayant été coupés, une sorte de promontoire sur le pic d’en face apparaît, toujours avec des reflets orangés. Après m’être remis en selle, je fais une nouvelle pause un peu loin car je me trouve sur une longue ligne droite qui semble interminable, avec les arbres tout autour c’est du plus bel effet.

L’avantage en montant autant c’est qu’il y a des descentes presque aussi abruptes, la partie avant de rejoindre Radon sera marquée par une descende qui me semble digne de la montagne, et n’étant pas un grand descendeur je m’abstient de fredonner pour me concentrer sur la descente, en tout cas les sensations sont là. Une fois Radon passé je me retrouve sur une départementale sans intérêt si ce n’est la présence d’une auberge abandonnée, témoin d’un autre temps. Puis tranquillement je retrouverai Alençon.

En posant le pied à terre, je me sens rincé mais difficile de me faire quitter mon sourire tant cette sortie aura été plaisante. L’endorphine faisant certainement effet je me sens si bien, avec le sentiment du devoir accomplis mais tout de même après cet effort de 73 km à 24 km/h de moyenne, il commence à faire faim. Cette sortie restera dans ma mémoire pendant longtemps, je n’ai qu’une hâte : être de nouveau « On the Road Again ! » comme le chante si bien Willie Nelson !