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Race Across France 2021 épisode 4/7

Retour d’expérience 4/7 – Jour 4
Doussard – La Charité sur Loire (Nevers-58) / 455kms / 4570m d+ Col de Leschaux / col du Chat / col des Fossés
Le col de Leschaux passé en fin de soirée, offre une vue magnifique sur le lac d’Annecy. Je plonge maintenant vers un nouveau lac, celui du Bourget, porte d’entrée vers le col du Chat. La fatigue commence à être compliqué à gérer dans cette ascension et le sommet est péniblement atteint. La descente sera pour moi un enfer. En effet, le sommeil est omniprésent et j’ai du mal à lutter… première sortie de route… seconde…
Le peu de lucidité qu’il me reste me force à continuer, le froid et l’humidité ne sont pas compatible avec un arrêt d’urgence. Je n’ai surtout pas envie de risquer l’hypothermie à 2:00 du matin. Heureusement, j’avais fait le plein de gels énergétiques et je les avale les uns après les autres dans un souci de survie, clairement…
Les premières hallucinations apparaissent et sont beaucoup moins agréables que dans mes pensées. Je vois des poteaux lumineux à chaque virage m’avertissant de l’arrivée d’un véhicule, puis plus rien… Je suis bel et bien seul avec moi-même et mon corps demande un arrêt d’urgence.Mes yeux se ferment, il me faut absolument un abri. Et là miracle… au détour d’un carrefour, j’aperçois une maison isolée avec un garage entre-ouvert… sauvé !! Je m’introduis et installe mon bivy… il est 2:15 et je m’impose 1H30 de sommeil.
A mon réveil, j’ai quelque peu repris mes esprits et je m’engage alors dans la montée du dernier col répertorié, le col des Fossés. Ce col que j’avais trouvé si agréable lors de ma préparation me paraît si long dans la lueur de ma lampe avant.
Il est 4:00, je bascule enfin… Le petit matin fut là encore très difficile tant la somnolence était présente. Je suis alors rejoins par deux autres furieux de la nuit. Et notamment Stelian, que j’avais rencontré la première journée, nos routes se croisent et se re-croisent…
La journée se passera en altérant siestes et boulangeries sur des routes assez monotones. Ce fût également la journée de la défaillance mentale… En effet, mon envie d’abandonner aura été mise sur plusieurs fois sur la table…douleur au genou… difficulté à se projeter… bref, sans une merveilleuse équipe derrière moi, ma course aurait pris fin durant ces long kilomètres vallonnés. C’est d’ailleurs à partir de cet instant que mon esprit de compétition avec les autres s’est éteint pour laisser place à une bataille avec moi-même.
En fin de journée, je fais la rencontre (entre deux averses à me réfugier sous des arbres) de Fabien, un bon rouleur qui n’a pas l’air de souffrir du froid et de l’humidité comme moi. Nous partagerons ensemble un somptueux repas préparé par un couple de restaurateurs au concept original : un food truck dans le jardin. Très intimiste et chaleureux, ce plat de pâtes/poulet grillé à la plancha fait sur-mesure, aura été un moment marquant de cette RAF.
Je dois d’ailleurs remercier mon équipe pour m’avoir réservé par téléphone en avance ce ravitaillement exceptionnel. Tacos chaud dans le dos en supplément, j’étais alors prêt pour affronter la nuit qui commencée à tomber.
Mon objectif de la nuit, rejoindre l’auberge de la Charité sur Loire, située 30km après Nevers, où une nuitée m’attend. J’arrive dans un premier temps et au prix d’une intense bataille contre le sommeil à Nevers. Mon esprit commence alors à chercher partout un endroit pour dormir. Il faut continuer, mon logement est 26km plus haut… le problème, c’est 26km de montée…  il est minuit et la route pour arriver au but me paraît interminable, surtout après 440km…
Je suis constamment au téléphone avec Caro pour essayer de me maintenir éveillé au maximum, mais même en parlant, mes yeux se ferment et je titube sur mon vélo. Ce n’est que 2H plus tard que j’arriverai au pied de la ville de providence, où mon hôte (qui suivait ma trace sur le site) m’attend avec une lampe de signalisation qu’elle agite de gauche à droite. Je me sens alors comme un naufragé de la mer et je perçois son signal lumineux comme une hallucination dans la nuit… heureusement, Caro toujours avec moi au bout du fil me ramène très vite au réel…sauvé une fois de plus!!
Mon hôte m’expliquera brièvement le fonctionnement de l’auberge, assez précaire mais largement suffisant vu mon état de fatigue. Je dormirai dans le grenier sur un canapé préparer spécialement pour moi. Je décide de dormir 3 cycles donc 4:30. On verra bien au réveil…