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Race Across France 2021 épisode 2/7

Retour d’expérience 2/7 – Jour 2
Saint Jean en Royans – Val d’Isère / 310kms / 8 350m d+ Gorges de la Bourne / Alpe d’Huez / Col de Sarenne / col du Lautaret / col du Galibier / col de l’Iseran
Après cette première nuit de récupération, (1:30 de sommeil pour environ 3:30 de pause) j’hésite longtemps avant de m’élancer. En effet, la pluie pointe le bout de son nez. Discussion avec Éric, qui s’apprête à partir également… il faut me lancer… Au pire je roulerai jusqu’à ce que l’orage me prenne et j’aurais peut-être la chance d’y échapper.
4:00, je décolle en pleine nuit, mes jambes grincent au début mais à ma grande surprise se remettent en route parfaitement après 30min de chauffe. Je rejoins plusieurs concurrents dans les gorges de la Bourne, en suit des discussions très enrichissantes pour moi. Je sens que plus j’avance dans l’aventure et plus j’apprends de nouvelles choses.
À ce moment de la course je suis aux portes du Top 10.
Grenoble passé péniblement, je fais une première halte à Bourg d’Oisans, au pied de l’Alpe d’Huez. C’est le moment de faire le point avec ma team. Le gros problème que j’essaye d’esquiver depuis plusieurs heures est omniprésent maintenant, une douleur intense dans mon genou droit.
Je prends le temps d’analyser et me décide rapidement à repartir affronter ce col le plus rapidement possible, quitte à monter entièrement en danseuse pour soulager mon genou. Le temps se gâte et le bon créneau c’est maintenant !!…Go! Casse croute dans le dos je monte l’Alpe en essayant de retenir mes efforts, ça fonctionne… Repas bien mérité sur mon banc favori en haut du col de Sarenne et c’est parti pour une descente sinueuse et dangereuse, heureusement sèche.
Sur la route je décide un arrêt fontaine pour remplir mes bidons. Un spot que j’avais repéré il y a un mois lors de ma reconnaissance. Le lieu est idéal pour faire une sieste et je vois déjà Éric et Christophe installés dans les transats. Pour moi ce sera le vieux matelas du chien dans le fond du jardin…
Après cette micro sieste improvisé, il est temps de s’attaquer au gros morceau de la journée, le col du Galibier sous une chaleur écrasante . Lors de mon dernier arrêt, j’ai pris le temps de m’enduire de crème solaire et préparer une serviette humide.
Dans l’ascension du Lautaret tout se passe pour le mieux, je reviens rapidement sur Éric parti quelques minutes avant moi. Hélas, il finira par s’arrêter à l’ombre, victime d’une insolation…(il abandonnera par la suite). Je continue seul et entame maintenant la montée du Galibier (2 642m), la température diminue à vue d’œil et j’enfile mes manchettes. Le final se fera en compagnie de Paolo, un italien expérimenté, taillé comme un athlète pour son âge (~45ans), nos échanges en anglais s’avèrent très constructif, j’en apprends chaque minutes…
Une fois le sommet passé je décide d’engager une descente très rapide, Paolo dans mon sillage. Erreur sans doute… car mes pneus relativement fragiles subissent de plein fouet les défauts de la route. Quand soudain c’est la catastrophe… mon pneu avant cède sous la pression et s’entaille sur 1cm…
Ce genre de réparation est relativement banale dans mon sport et c’est avec calme que j’entreprends le colmatage de mon pneu. Je repars.. 5km plus loin, nouvelle crevaison, je recommence… La réparation d’urgence s’avère trop précaire pour durer dans le temps et je dois contacter mon équipe pour trouver une solution viable.
Un nouveau pneu est commandé à l’InterSport de Val d’Isere. Cela m’obligera à faire ma pause sommeil plus tôt que prévu et surtout plus longue (le magasin n’ouvrant qu’à 8:30). L’hôtel est réservé, j’ai tellement hâte que je commence à rêver de palace…
Le souci c’est qu’avant cela j’ai devant moi le col de l’Iseran (2 770m), un mastodonte…, et surtout la descente, réputée pour être glaciale la nuit. Heureusement pour me rassurer dans ma quête de sommeil, je fais halte dans le refuge de Sollières, partenaire de la RAF, qui propose un repas complet à n’importe quelle heure. Les guides sont très accueillant et je réussi même à consolider davantage mon pneu défaillant (rassurant pour espérer descendre l’Iseran en vie).
C’est reparti, le ventre plein, avec un but bien précis enfin…un vrai lit. Ce col et son panorama à la réputation grandiose me paraît bien obscur une fois la nuit tombée. Sur le chemin je fais la connaissance de Josselin et Damien (vainqueur du 1 100k).
Sur la route Damien titube et fait plusieurs sorties de route (il n’aura pas dormi depuis le départ). Arrivé en haut, nous vérifions mutuellement notre équipement de survie pour la descente, la bienveillance est essentielle dans ces moments là. Descente sans encombre et arrivé à l’hôtel au alentour de minuit pour une vrai nuit réparatrice… la plus belle.