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Race Across France 2021 épisode 1/7

Lorris s’est lancé dans l’Ultra Cyclisme en participant à la Race Across France 2021 sur une distance de 2 600 kilomètres. Retrouvez son épopée au jour le jour.
Race Across France 2021 – retour d’expérience 1/7 – Jour 1 :
Mandelieu – Saint Jean en Royans / 545 kms / 8600m d+
Col du Ferrier / Col de la Cine / Col de Castelleras / Col de Bleine / Col St Bernabé / Col d’Ayen / Col de La Palud / Col de Murs / Mt Ventoux par Bedoin / Col du Rousset / Col de La Chau
Ça y’est c’est le jour J !
Nous y voilà enfin après des mois de préparation et une pression croissante, le moment tant attendu est là.
Mon départ prévu à 21:40 me situe dans le dernier quart des participants et j’ai franchement le temps de me relaxer et de rentrer dans ma bulle.
La détente sur le stade Éric Estivals de Mandelieu se passe bien et j’ai même le temps de rigoler avec mes deux accompagnateurs du moment, Gwen et Gaëtan (participants en duo sur le 500).
-15min du départ, il est temps de se présenter au départ, je me concentre, je m’habille… mais stupeur !!! Impossible de retrouver mes chaussures !!? Je cogite, je m’excite… et pense immédiatement à mes sacs de délestages. Je me pointe en sursaut devant le camion chargé en direction du Touquet, et j’entreprends de retrouver mon bien. Autant dire retrouver une aiguille dans une botte de foin vu le nombre… après 20min d’effort intense, l’organisation est prévenue de mon retard et me laisse un délai d’1h pour m’intercaler entre deux coureurs, sinon c’est départ en claquettes. La panique m’envahit, il fait chaud, je perds 1L de transpiration … quand soudain Gaëtan intervient en m’affirmant que mes chaussures étaient bien avec moi avant le départ, flash !! Elles sont restées sur un banc dans la nuit noire, soulagement… je fonce sur la ligne avec tout mon équipement et un cardio au maximum.
Briefing, balise GPS, quelques mots de la part d’Arnaud pour redescendre en pression et c’est parti je m’élance !! Enfin.
Le départ est fulgurant vu mon état de stress et je sens le vent me rafraîchir avec la vitesse. Me voilà parti dans une course de 2500k sur une allure de chrono d’1H…
Les concurrents sont rattrapés 1 par 1 la première heure, quand je décide enfin de lever le pied, la pression est évacuée et je rentre dans ma bulle de gestion d’effort en respectant au mieux mes zones de puissance.
Tout va bien, les gorges du Verdon sont magnifiques de nuit grâce à cette pleine lune. Grandiose même…
Mais soudain, alors que mon rythme se stabilisait, c’est le drame… un sanglier déboule de la gauche, glisse sur la route et me fauche l’arrière. Je décolle d’1 mètre sur le côté mais parvient à rester sur le vélo par je ne sais quel miracle!!
Problème, ma roue arrière est en 8, elle touche les patins même ouvert à fond .
Je décide de la réparer brièvement grâce à une clé à rayon, le reste attendra la lumière du jour.
Le reste de la nuit fut particulièrement agréable et je me suis même permis à rouler sans lumière avant, grâce à cette magnifique pleine lune.
Lever du jour. Les sensations sont bonnes , j’ai retrouvé un petit groupe de 2 et nous commençons à planifier la journée qui nous attend.
7:30 Boulangerie du matin , premier arrêt de ma RAF, optimisation au maximum, devoilage de roue, recharge en eau, café, viennoiseries, crème sur le cuissard, étirements et équipement pour affronter la chaleur qui s’annonce.
Je me sens bien et je me permet même de repartir rapidement en laissant mes collègues du moment (que je reverrai par la suite sans aucun doute).
J’avale le col de Murs sans problème et fonce sur le Ventoux, grand objectif de la journée que je prévois de passer avant midi.
Sur le chemin je rencontre plusieurs concurrents et discute de stratégie.
Notamment Clément Clisson, « le phénomène » (vainqueur de l’année dernière), qui me paraît pas être dans un grand jour.
Première base de vie au pied du Ventoux, certains font une sieste, ce sera sans moi, j’ai tellement hâte de gravir ce monument du cyclisme et je me sens vraiment bien, même après 300k et une nuit blanche.
Le Ventoux par Bédoin est très raide dans sa première partie, cela est à mon avantage, je me sens dans mon élément…
La montée sera faite en gestion sans trop dépenser d’énergie et après un arrêt coca au fameux chalet Reynard je pars affronter le vent de la deuxième partie. Paysage Lunaire.
Petite bagarre d’égo avec Éric Leblacher et je parviens à avoir le dernier mot en m’employant sur la fin. Satisfaction personnelle.
La descente fut quand à elle terrible à cause de la tempête qui baladait les vélos de gauche à droite comme des feuilles mortes.
Le plus dur est fait sur cette première journée et l’objectif d’atteindre la base de vie de Saint Jean en Royans (550k) sans dormir reste accessible.
Ravitaillement du midi avant la grande chevauchée et première erreur…
Je passe dans une supérette et je dévalise les rayons tellement j’ai faim, le problème étant le stockage sur le vélo, je décide donc de manger un maximum avant de repartir. La suite a été un calvaire pour moi avec une chaleur atroce. Mon corps alors en pleine digestion n’assure plus totalement ses fonctions de défense face à la chaleur et je fais un premier malaise gastrique.Heureusement dans ma détresse je trouve une aide inespérée. Un vigile d’un Leclerc a qui je raconte mes déboires me propose un coin détente climatisé dans un coin du magasin. Sauvé !
Grand rafraîchissement dans les toilettes et je m’installe dans un canapé pour une sieste de 10min.
Quand je repars tout va bien.
Après cette épreuve passée, il me reste alors à gravir le col du Rousset et celui de la Chau, pas une mince affaire .
Nous sommes 5 à nous regrouper dans ce col et les stratégies de chacun diffères, faudra t’il dormir une nuit entière à St Jean, juste 1:30/ 3:00 !?? Sachant que les orages sont prévus le lendemain.
Décision dure à prendre, surtout après 24H de vélo…
Heureusement, j’ai une grande confiance en mes routeurs, avec qui je communique en permanence tout au long de la course et notamment Cédric Sachet (finisher de l’année précédente) qui finira par me convaincre.
Ce sera un seul cycle de sommeil (1:30)…
À ce moment j’ai un peu peur et je me dis que ça va être très compliqué car mon corps demande beaucoup plus après 550k de montagne…
J’arrive à la base au alentour de minuit, après avoir attendu pour la descente un concurrent en détresse. Ma lucidité me permet encore de gérer…
Je récupère mon Drop Bag, rempli de barres énergétiques et de gels, d’une tenue propre dont je me passerais (mon cuissard m’accompagnera jusqu’au bout),
Huile de massage et nouvelle batterie.
Je me douche enfin et file dans le fond du gymnase pour profiter d’un lit de camp encore disponible… 1:30 de repos Top chrono.