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Partir un jour … avec retour !

Notre ami Gwendal nous livre un superbe récit de sa descente de Loire en cyclo-camping !
Ayant eu échos des voyages d’autres cyclos, il était temps d’écrire mon parcours cyclotouriste. Après un canal de Nantes à Brest l’année dernière qui aura fait office de test, cette année Covidienne marque le début des choses sérieuses, la Loire à vélo !

Contrejour, on apprécie le chargement !

Pour être honnête, entre 700 km de vélo sur les bords de Loire et se poser les doigts de pied en éventail sur la plage, la question fut vite résolue pour plusieurs personnes sollicitées. Ainsi, armé de mon VTC, de mes sacoches et de ma carte ce sera en solo que je ferai ce voyage. Il y aura tout de même eu quelques réactions partagées de mon entourage proche sur ce point mais qu’importe, ce sera l’occasion de faire des rencontres.

Malgré une courte nuit due à l’impatience de partir, le réveil aux aurores de ce mardi 11 août aura peut-être été des plus agréables. Même si l’esprit n’est pas totalement réveillé, je vérifie une dernière fois la liste des affaires, liste des affaires vérifiées maintes fois la veille et encore l’avant-veille. Bref j’ai sûrement oublié quelque chose, espérons que ce ne soit pas important. 05h30 à l’horloge il est temps de partir.

C’est donc dans une ville de Nantes encore endormie que je roule jusqu’à la gare pour prendre le train jusqu’à Nevers. N’ayant jamais pris le train avec un vélo, j’avais quelques appréhensions quant à ce trajet, sans compter qu’il fallait décrocher les sacoches pour installer mon destrier dans le train. Finalement, le wagon étant presque vide au départ de Nantes, l’installation se fait sans difficultés. Je m’assure quand même d’avoir pris le bon train (l’esprit n’étant pas totalement réveillé encore) auprès d’un couple de passager, une fois sûr de ma destination je m’installe à ma place sereinement.

Une discussion s’engage avec le couple assis dans la rangée d’à côté, étonnamment j’ai l’impression d’avoir déjà entendu la voix de la femme mais je n’arrive pas à savoir où. La discussion continue et il s’avère que c’est normal que je connaisse cette voix puisque le couple d’à côté est Catherine et Jean … de l’UCNA. Le hasard ne va pas jusqu’à avoir la même destination mais tout de même sacré hasard !

4h plus tard je pose mes roues à la gare de Nevers. L’aventure commence ! Enfin presque. Le premier jour sera surtout l’occasion de faire différentes choses avant le grand départ prévu le lendemain. Seule activité cycliste du jour, le panorama du bec d’Allier, là où la Loire et l’Allier se rejoignent. Qui dit panorama dit côte pour y accéder, rien de mieux pour se mettre en jambe, surtout avec mes 16 kilos de chargement et mes développements trop longs qui m’empêchent d’aller au bout de cette côte : en espérant ne pas croiser trop de côtes raides.

Le lendemain les premiers tours de roues sont légers, je file au vent avec un sourire figé sur le visage. Malgré la chaleur je profite à fond du paysage même si je me retrouve par moment sur de longues pistes cyclables sans ombres et sans croiser personne. Pour animation sur ma route je trouve le point zéro de la Loire à vélo, je fais la photo rituelle. En outre je traverse le premier pont canal, celui de Guétin, porté par le bruit de l’Allier en contrebas. Magique.

Autre curiosité, le village perché de Sancerre. Téméraire je fais l’ascension de la côte jusqu’au village, enfin la première partie car la route qui serpente laisse place à des montées à pic. En regardant les embrayages grattés et les moteurs hurlés au stop en plein milieu de la côte je me rassure. Finalement c’est à pied et essoufflé que j’arriverai en haut de la côte mais c’est sans regret tant la vue vaut le coup là-haut et le village est pittoresque.

Aïe, avec 16 kg de matériel, ça pique !

Je passe ma première nuit en camping avec les éclairs de l’orage comme constellations. Bien abrité sous ma tente je contemple ce spectacle nocturne assez inédit pour moi. L’orage aura le mérite de faire tomber la température, ce qui n’est pas en soi une mauvaise chose.

Bien reposé et la tête pleine de belles images d’éclairs dans la nuit, j’attaque ma deuxième journée avec une météo plutôt bonne. C’est une deuxième journée folle en évènements puisque je crève pour la première fois, et forcément il me manque une clé de 15 pour retirer la roue incriminée : dans une ferme environnante je trouve la clé nécessaire puis je reprends la route. Autre événement, le passage de la centrale nucléaire de Belleville sur Loire. Le tracé longeant la centrale nucléaire, voir cet énorme monstre fumant de si près est une expérience assez inédite, d’autant qu’après l’avoir passée, l’immensité des réacteurs fait que la centrale fait longtemps parti du décor dans le dos. Au-delà de l’aspect effrayant, le passage de cette centrale marque le début d’une autre aventure, bien plus sympathique, la rencontre de deux suisses avec qui je partagerai la route pendant 4 jours.

Le troisième jour sera marqué par de nombreuses visites, en premier je me rends à Orléans. Ne connaissant pas cette ville, j’arpente les rues en suivant mon instinct et assez facilement j’arrive sur une place avec une statue de Jeanne d’Arc, facile me direz-vous. Je poursuis ma chevauché vers la cathédrale d’Orléans, une chevauché du plus bel effet avec les étendards surplombants l’avenue. La visite d’Orléans se poursuit par le vieux centre, puis je me remets en route. Après Orléans je m’arrête à Meung sur Loire, à la base je m’arrête pour reprendre des forces mais je finis par visiter le château, du cachot au grenier ce sera une visite fort intéressante. La route jusqu’au point de chute verra une nouvelle centrale nucléaire mais j’ai hâte d’être demain…

Parcours dans les vignobles ligériens.

Quatrième jour, on met les plats dans les grands. Avec mes camarades suisses nous nous prenons un petit déjeuner sur les bords de Loire, un moment fort agréable tant le calme qui règne est agréable. Aujourd’hui est le moment fort du séjour puisque la route me mène à Chambord sous un temps radieux. Après une visite du parc et quelques photos, je poursuis vers Cheverny. Le bitume laisse la place à de longs chemins à travers la forêt, renforçant ainsi le côté aventure du voyage : difficile de quitter mon sourire.

Chambord la majestueuse, bravo pour le dossard !

Le jour suivant est celui du début des hostilités tant la fatigue fait son apparition et les conditions météos se déchaînent. Entre Blois et Amboise le vent de face est d’une force si vive qu’il est un frein. Cela rassure de voir d’autres cyclos galérer autant que moi mais, pas abattu pour autant, je m’accroche et finis par arriver à Amboise. Plusieurs fois je pose pied à terre car certaines côtes sont bien assez pentues (notamment celle à la sortie de Chaumont sur Loire) mais bon je vois toujours autant de belles choses, je ne regrette pas du tout. Passé Amboise la pluie décide de s’y mettre à son tour mais là aussi le moral ne faiblit pas, un café en cours de route puis une douche à l’arrivée seront du plus grand bonheur.

Beauté de la Loire, même par temps gris…

Les premiers effets de fin de séjour se font ressentir en ce 18 août, : Tours est la dernière grande ville avant Angers, en outre mes jambes commencent à se réveiller. Malgré tout, la nuit dans une cabane en bois m’aura permis de bien me reposer. Sur la route je découvre le village de Savennières, très beau petit village posé sur les bords de Loire, j’en profite pour faire quelques photos. La route se poursuit jusqu’à Villandry et son remarquable château mais le parcours devient moins intéressant. Le parcours laisse place à des voies partagées qui ont l’air très longue, bon il faut dire que je roule seul à présent aussi. Je fais un stop à Rigny Ussé poussé par ma curiosité, l’occasion là aussi de m’attarder et de prendre quelques photos. Le temps devenant menaçant, j’active un peu pour rejoindre mon point de chute du soir, Candes-Saint-Martin. Le camping ne paye pas de mine et les propriétaires sont peu accueillants mais qu’importe, je m’installe après un temps assis dans l’herbe. Cette soirée se résume à manger puis dormir.

Les jambes encore un peu douloureuses je plie le camp. La météo est une fois de plus menaçante, je me dépêche à partir après tout de même un bon petit déjeuner. Dans un Montsoreau vide je me promène, un vrai luxe de faire du tourisme dans une ville vide ou presque. Je me dirige vers les bords de Loire. Comme la ville ils sont déserts, à la différence qu’il y a quelques marcheurs ou joggeurs matinaux. En quittant Montsoreau un choix s’impose : rejoindre Saumur par les bords de Loire ou bien par les coteaux. Malgré les petites douleurs et mes développements trop longs, je suis le chemin par les coteaux. Plusieurs fois je suis obligé de poser pied à terre mais le paysage et la vue offerte valent bien tout le mal que je me donne. Seul bémol, la pluie se met à tomber avant Saumur, je trouverai du réconfort dans un salon de thé autour d’un café et d’une brioche. La pluie ne passant pas malgré cette pause, je poursuis tout de même la route. Je trouve un abri pour le midi sous le porche d’une église. Signe divin ou pas, la pluie se calme après cette pause déjeuner. Préférant la route au chemin de bord de Loire détrempé (si j’avais su à quoi ressemblait le chemin par la rive nord) j’arrive tôt au camping mais quelques réconforts quand j’apprends qu’il reste une cabane en bois disponible.

Jusqu’à Saint-Florent-le-Vieil, la route devient encore plus monotone, toutefois je fais un bout de chemin avec deux familles qui rallient Le Croisic en partant de Tours. Je les quitte au moment du déjeuner mais les retrouve au camping tout comme une autre personne que j’avais croisée à Amboise. Pour cette dernière soirée je m’offre une pizza sur le haut de Saint Florent le Vieil, un beau moment malgré les genoux qui se sont réveillés à leur tour.

Pour la dernière étape je prends le temps, fatigué je charge mon vélo sans plier la tente, j’attendrai d’avoir pris le petit déjeuner pour le faire. Avant de partir une femme des deux familles croisées la veille m’offre des serflex pour éviter qu’une des sacoches avant ne se balade sur le porte bagage (j’avais perdu le crochet la veille). Un panneau indique que Nantes n’est plus qu’à une cinquantaine de kilomètres je me dis que ça va être long tant le vent de face me ralentit. Patiemment je progresse, je passe Ancenis puis Oudon. Plus loin j’aperçois la tour de Bretagne, terre en vue !

C’est au bout de 10 jours avec une moyenne de 67 km par jour que je retrouve Nantes. Non sans une certaine fierté, je me rends à la grue jaune pour marquer l’arrivée de beau périple. Une fois le pied à terre j’explose de joie, je suis heureux. Heureux d’avoir mené cette aventure à ce terme mais aussi par tout ce que j’ai pu vivre en si peu de temps. Une chose est sure : J’ai attrapé le virus pour de bon, il me brule de repartir.

Gwendal