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Joël ; le retour au bercail d’un sportif passionné

Joël est un revenant ; il ne flotte pas dans l’air sous un drap pour faire peur aux vieilles demoiselles, non, c’est un revenant car il revient à l’UCNA cyclos après avoir roulé avec l’UCNA Course. C’est peu dire qu’il aime le vélo, d’ailleurs au fond, sa passion ce n’est pas le vélo en soi, c’est le sport. On le devine à son physique de grimpeur sans aucun surpoids et son parcours le confirme.

Quels ont été tes premiers contacts avec le club ?
J’ai fait des débuts en vélo comme coureur de 75 à 84, en 3ème catégorie. J’adorais ça mais je manquais gravement d’entraînement. Le vélo a toujours été ma passion. J’ai arrêté quand je me suis mis à mon compte car les journées de travail étaient longues et je n’avais plus le temps de rouler. J’ai changé pour un sport moins consommateur de temps ; je me suis mis au tennis pendant dix ans à la Raquette d’Argent à Treillières. J’aime la compétition, j’aime que ça morde un peu. Je jouais avec des amis sans idée de classement.

Et tu as arrêté ?
À cause de douleurs à l’épaule. Le tennis est bien si on fait de la musculation à côté, d’autant que je frappais comme une mule. Je me suis mis à la course à pieds en endurance. Je n’étais pas mauvais : J’ai fait trois fois un cent kilomètres, dont deux fois Millau et une fois Chavagnes en Vendée. Ils ont eu des problèmes de bénévoles et la course a disparu depuis.

Cent kilomètres à la course !
À Millau, j’ai mis dans les 12 heures, le vainqueur était à moins de 7 ! Il faut s’entraîner pratiquement tous les jours, mais une heure de course équivaut à 2 de vélo. Je courais une heure et demie chaque soir et 3 heures le samedi et le dimanche ! Ça demande un mental très fort car pendant 100 km on est à 60% sur le mental.

Puis j’ai bifurqué sur des trails, c’est-à-dire des courses nature en montagne avec des dénivelés, en enchaînant ascensions et descentes. J’ai couru avec le club de La Chapelle-sur-Erdre qui était convivial et sympathique. On a fait de belles courses. J’ai commencé par l’Aubrac à 85 km en 2009, l’année suivante les 3C (CCC), c’est-à-dire le petit tour du Mont Blanc qui fait 100 km, puis le UTMB, Grand Tour du Mont Blanc, de 170 km. C’était extraordinaire, en haut d’un col le matin au lever du soleil, face au massif du Mont Blanc, tu as des frissons d’émotion en regardant la montagne. Sur ce type de courses, il y a deux tiers d’abandons. J’ai mis 43 heures, mais Kilian Jornett, le vainqueur, l’a fait en 19.

Tu devais finir épuisé ?
Non, tu es dans une bulle dont il ne faut jamais sortir, jamais douter. C’est plus de la marche que de la course. Tu es ailleurs, transporté et la nuit se passe très vite.

Et après ?
Après, j’ai recommencé l’Aubrac avec des copains. Une vraie course de plaisir. Puis l’Ultra Trail du Morbihan, assez plat, mais je l’ai fait sous la pluie. Si j’avais quelque chose à refaire, ce serait en montagne ! Les paysages sont fantastiques. J’en fais depuis mes 20 ans avec l’UCPA.

J’ai eu un problème cardiaque à la fin de cette course : un gros point dans la poitrine à 2 km de l’arrivée au sprint. J’ai passé des examens, je croyais que cela venait du dos, en fait c’était plus sérieux ; je n’avais plus de récupération. J’ai passé de nouveaux examens aux NCN. Le cardiologue a regardé son écran et m’a dit « Vous restez et je vous opère demain matin ! » Comme j’étais coureur de fond, le sang passait en force dans les artères, le sport m’a sauvé de l’infarctus.

La rééducation a été longue ?
J’ai recommencé à marcher dans la semaine ! En faisant un footing le long de l’Erdre, j’ai rencontré Patrick Michaud avec qui j’avais couru dans les années 80. Il m’a dit que l’UCNA cherchait des pilotes de tandem et j’ai accepté. Trois mois plus tard, en mars 2018, j’étais en retraite et j’ai réintégré l’UCNA trente ans après, de la section course aux cyclos !

L’Ultra Trail du Morbihan

Tu roules fort…
Pourtant, je sens une grosse différence depuis, j’ai perdu beaucoup de puissance, mais j’aime toujours autant. J’ai toujours fait du sport. Quand je reste 2 jours sans sport, je me sens mal.

Quel est ton programme ?
Je roule le mercredi et parfois le samedi avec CLISSAA avec Luciano jusqu’à son déménagement. Le mercredi j’aime beaucoup, c’est toute la journée et on s’amuse bien. Les parcours sont beaux et bien choisis avec de toutes petites routes, ce qui est sympa ! La vitesse moyenne qui n’est pas très élevée le mercredi ne me gêne pas ; je suis très caméléon ; je m’adapte et j’ai l’esprit cyclotourisme.
Le dimanche est plus nerveux. Je roule avec les jeunes ! Parfois je serre les dents car il y a quand même l’âge et à 66 ans passés, je vois venir. Mais je n’ai jamais été lâché.

Et le tandem ?
Je me suis remis récemment à piloter, avec Pierre-Louis récemment. La selle glissait, puis le tube de selle a cassé ! On a baissé la selle pour rentrer, pas facile pour lui de rouler comme un enfant, genoux pliés !Joël et son fils Vincent sur les bords du fleuve

L’adaptation au tandem est-elle difficile ?
Pour piloter, il y a une habitude à prendre ; le tandem est beaucoup moins maniable qu’un vélo et il faut être concentré sur son sujet en anticipant beaucoup, surtout en ville. Une fois, en roulant en ville avec Luciano, un samedi de manifestations, nous sommes passés par le Cours des 50 Otages avec les bus, les piétons, vélos et trottinettes autour de nous ; nous sommes descendus de vélo, par sécurité !
La difficulté est aussi dans la synchronisation au démarrage et sur les arrêts. Il faut tout dire à l’équipier. On parle aussi pour raconter le paysage. Lucien voyait des ombres, alors que Pierre-Louis ne voit rien. Les non-voyants absorbent les choses et savent ressentir ce que nous ne percevons pas. Ils sont très réactifs.

Le voyage te tente ?
Je m’intéresse aux voyages itinérants. En octobre dernier, je suis descendu avec Alain en suivant la Vélodyssée vers Bordeaux. On a fait trois jours avec de belles tempêtes et vent de face violent longtemps. Mais ce fut un bon souvenir quand même !
Avec mon fils Vincent, nous sommes allés jusqu’à l’abbaye de Fontevraud qui est vraiment magnifique, sauvée de la démolition par Napoléon qui en a fait une prison. J’ai aussi fait la Loire à Vélo avec mon fils, une petite semaine. C’est magnifique.
Je compte aussi faire quelques brevets ; j’en ai fait cette année de 150 km. Et la Semaine Fédérale m’intéresserait.

Des projets ?
J’ai acheté une remorque Bob et en avril, dès la fin du confinement, je partirai faire un périple Nantes, Strasbourg, Vienne (en Isère, pas en Autriche) et retour à Nantes, en prenant les voies vertes ! Sur mon GPS j’ai déjà programmé Nantes Nevers par la Loire à Vélo, puis l’EuroVélo 6 dite Route des fleuves jusqu’à Mulhouse et l’EuroVélo 15 sur le Rhin jusqu’à Strasbourg. Redescente sur Vienne par L’EuroVélo 15 et un bout de Saône jusqu’à Lyon. J’ai choisi l’itinéraire en fonction des lieux d’habitations de parents que je passerai voir.
Je serai en camping avec une petite tente, en autonomie avec un panneau solaire pour le GPS et le smartphone ainsi qu’un petit réchaud compact pour manger chaud le soir.
J’aime bien rouler seul, c’est une autre approche. Cet été j’ai rencontré pas mal de cyclos qui roulaient seuls sur de grandes distances. »

Des photos ?
Je ne suis pas photo du tout : je n’aime pas le passé ! »

Voilà ! C’est tout simple ! Il me rappelle les anciens qui roulaient sur des distances considérables et adoraient le cyclocamping. Ah non, j’allais oublier, quand il ne roule pas avec l’UCNA ou la CLISSAA, Joël court, à pieds !