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Cocktail de giboulées vendéennes

 

Ah  la Vendée !

Pour nous autres malheureux habitants du Nord Loire, c’est l’Eden, le Paradis Terrestre avec, d’interminables côtes de sable blond chauffées 1800 heures chaque année par un soleil délicieux. Et le printemps, cette saison charnière que tous les équatoriens nous envient, en est un moment délicieux où les mimosas fleurissent et parfument le paysage ! Vendée mirobolante que les publicitaires ont salué de ce slogan ravageur « Si elle n’existait pas, il faudrait la Vendée ! ».

D’accord, mais ça c’est l’appartement témoin, bien léché avec moquette et insert bilatéral ! C’est chez Christiane et Jean-Claude demain ! Nous, on a connu la Vendée printanière sous son aspect guerrier, quand, ramassée sur elle-même comme un ornithorynque en boule, elle se refuse à toute présence humaine et entre en léthargie, figée de froid par un vent du nord directement issu  de Sibérie à tel point que certains ont le visage fouetté de poils d’ours polaires, portés par les rafales…

 

Il faut dire que nous avions été trompés par un mois de février exceptionnel à Nantes, suivi d’un mars acceptable. Plus encore, la semaine précédant notre départ avait été idyllique… Du moins en Loire-Atlantique ! Du coup, chacun avait été séduit par une perspective de trois jours en longe côtes, organisés par Marceline et, alors que nos voyages itinérants peinent à dépasser la dizaine de cyclos, nous nous sommes retrouvés 18 au départ, à Pirmil mardi 2 avril à neuf heures.

 

Et il y avait du beau monde : outre Marceline, capitaine de route, Catherine, cyclopâtissière émérite, Valérie crêpière vacataire, Jean-Marie infatigable secrétaire polyvalent, Patrice qui ne dit mot, mais n’en pense pas moins et son opposé Alain le disert, jamais à court d’une histoire, Alain et Martine toujours unis dans l’effort, Maryvonne qui tortillait des fesses de bonheur sur sa selle Proust, Christiane la perfection faite cyclote, Jean-Claude son compère qui a dépanné des milliers de cyclos depuis cinquante ans, Claude le descendeur, Roger (C’est la watt qu’il préfère !), Jean animateur infatigable qui rit de tout en deux langues, Milou qui adore se moquer de lui-même et bien d’autres non moins remarquables que je ne peux nommer ici faute de place…

On veut voir la mer sur la photo, même si la lumière est face au photographe !

Nous n’étions pas surpris de nous retrouver à l’aise en tenues d’hiver car on traverse encore la Loire sur la glace quand la Vendée est déjà rieuse, du moins est-ce l’idée reçue chez les nantais. Dès le départ, blousons étanches et cuissards longs se justifiaient pleinement.

La longue colonne démarra dans les meilleures dispositions d’esprit, accompagnée par Raymond pendant la matinée, représentant de tous les membres restés sous la couette. Au café, Catherine et Marceline, les pâtissières avaient préparé leurs recettes les plus sucrées qui firent, comme toujours, l’unanimité. Poursuite de l’aventure, pique-nique frisquet à la lisière de la pluie et arrivée sur la côte…

Catherine, très concentrée

Marceline dit toujours ce qu’elle pense, avec le coeur !

Arrivés sur le front de mer en n’ayant pratiquement pas croisé de voiture, merci Christiane pour le choix de l’itinéraire, force fut de reconnaître que nous n’étions pas dans les 2300 heures d’ensoleillement annuel revendiquées et qu’il ne s’agissait plus de mimosas fleuris, mais plutôt de végétation couchée par les rafales. Éole était maître des lieux ! Contrariée par un vent vif, la mer arborait ses plus beaux rouleaux qui couraient sous d’énormes cumulus d’averses, quand il ne s’agissait pas de grêle. Heureusement, le vent nous séchait très vite.

Daniel, gros rouleur Européen !

Parcourant St Jean de Monts, c’est peu dire que le front de mer était calme ; il était quasi désert, magasins et cafés fermés. Seuls de rares touristes luttaient contre les éléments, la tête dans les épaules. Heureusement, une courageuse crêpière avait ouvert qui nous accueillit à bras éponymes, bien au chaud. Rien ne rafraîchissait l’ambiance chauffée par nos GO : Marceline, Jean, Catherine et les autres. Enfin nous arrivons au gîte de Saint Hilaire, refait à neuf et dirigé par une équipe bien souriante dont la mine épanouie incitait à se mettre à table.

Claude, che bello ragazzo !

Le pique-nique, ça déballe sec !

Roger perpétue le bonheur du voyage à vélo.

Surprise en arrivant, Émile, dit Milou, parti de Parthenay où il s’est exilé, devait nous rejoindre, mais il n’est pas là. Inquiétude, quand soudain il fait surface hilare et nous explique s’être légèrement trompé de route. Lui qui emportait ses affaires compressées dans un dé à coudre fixé à sa tige de selle, arbore désormais deux magnifiques sacoches rouges vif, aussi larges que hautes, qui ballottent comme des cocougnettes de taureau. Comme prévu, bon et beau dîner.

Émile songe à une nouvelle histoire. À propos, la Grande Fernande, qu’est ce qu’elle devient ?

Le lendemain, Milou est capitaine de route et fait preuve d’une grande autorité dans le respect des horaires. Il nous a concocté un parcours aux petits oignons, à base de longue voie verte qui va de Coëx à Parthenay. À Aizenay, nous retrouvons sa Bichounette, Céline, venue embrasser l’équipe qu’elle connaît bien. Nous aimons beaucoup ces deux tourtereaux, nous les avons mariés sous une colonne de roues de vélo à la Mairie de Nantes et nous attendons impatiemment le premier petit pour en devenir les parrains collectifs. Jean a soudain des problèmes de potence qu’il sent s’enfoncer sous son poids… Déjeuner à la cafeteria du Super U pour cause d’humidité ambiante. De sa table, Maryvonne voit tomber des trombes d’eau et se demande dans quel état nous allons arriver, quand elle se rend compte qu’il s’agit d’un exercice des pompiers qui déversent des cascades qui débordent des gouttières… Les soldats du feu prennent l’eau…

Martine, sensible et attentive.

Jean qui rit et jamais ne pleure.

L’après-midi, nous passons devant la maison où habitait Patrice qui peine à écraser une larme d’émotion au souvenir de ses vacances chez ses grands-parents. C’est soudain toute sa jeunesse allègre qui défile devant ses yeux ! Sans transition, nous passons par le château moyenâgeux d’Âpremont qui domine un beau lac de barrage, avant de reprendre la route, toujours accompagnés de nuages menaçants qui courent au-dessus des arbres, semblant nous poursuivre dans une quête infernale. Dîner toujours joyeux et soirée débridée : Marceline et Catherine font le buzz à la tête d’une équipe d’aventuriers qui partent dans la nuit glacée observer l’océan. Une fois encore, Victor Hugo (Je ne parle pas de Victor Hugo Pena, le coureur colombien), vient en force :

Patrice, au bonheur des terres natales…

« Où sont-ils, les cyclos sombrés dans les nuits noires ?
O flots, que vous savez de lugubres histoires ! »

Heureusement, Victor (Hugo, toujours pas Pena dont nous connaissons mal l’œuvre littéraire), noircit le tableau et ils nous reviennent tous en pleine forme. Malheureusement, au retour, la porte est fermée… Qu’à cela ne tienne, l’équipe saute le mur, enfin, le muret (90 cm), et chacun retrouve les frissons d’aise quand il outrepassait les interdits parentaux ! Pour fêter cela, ils plongent dans le frigo et sortent un rosé bien réconfortant tandis que d’autres dénichent une bouteille de rouge. Seul Patrice, toujours sur les genoux de son grand-père, résiste !

La virée nocturne : les sourires sont des rictus de froid…

Le lendemain chacun est prêt pour le retour et nous partons à la conquête de Noirmoutier. Petite hésitation à l’entrée vélos du pont, bloquée par des travaux, mais nous passons et progressons avec un beau coup d’œil sur le chenal agité de moutons, puis prenons une délicieuse petite route jusqu’au Gois où nous arrivons à l’heure parfaite de marée basse. Le ciel est couleur anthracite, le vent siffle, la chaussée est inégale et mouillée, les voitures nous disputent le passage, les risées nous chahutent. Nous roulons prudemment en courbant le dos ; c’est le bonheur du petit frisson d’appréhension qui, il faut bien le reconnaître, se raréfie avec l’âge.

Le légendaire passage du Gois !

Valérie, telle qu’en elle-même.

Petite photo le long d’une balise, façon Cyclos de la Méduse, et nous finissons la traversée avant de trouver refuge dans un restaurant. Interrogée par Marceline, la patronne, faute de clients en nombre, accepte de nous accueillir avec nos pique-niques. Elle ne le regrette pas car si l’appétit vient en mangeant, la gourmandise suit en regardant la carte des desserts et autres plaisirs caloriques… Le cyclo considère toujours que sa dépense globale d’énergie justifie tous les excès alimentaires…

Jean-Claude, lutin facétieux.

Christiane, n’aime ni les discours, ni les photos, mais tout le reste !

Après le déjeuner, le vent forcit, heureusement dans le dos. Nous retrouvons Reymond qui vient se s’offrir soixante kilomètres seul contre le vent, échappé solitaire à notre rencontre ! Une belle performance que nous saluons en étant heureux de n’avoir pas eu à la faire… Retour vent portant pour l’essentiel tandis que nous traversons les marais en observant les canards sauvages. Aux Moutiers, Christiane crève ; en six minutes, Jean-Claude a réparé et s’est lavé les mains, prêt à repartir ! Il n’avait pas roulé depuis juin de l’année précédente ! Elle ne l’a pas épousé par hasard…

Maryvonne, prête à toutes les aventures, avec le sourire.

À défaut de soleil, on a l’arc en ciel !

Tout arrive, même la fin du voyage, un peu disséminés selon la fatigue et la soif des uns et des autres. En bilan, un groupe joyeux, 300 km de beaux efforts et des paysages toniques qui donnent envie de revenir… par beau temps.

Merci Marceline de cette heureuse initiative et merci à tous les autres du bon esprit Ucéniste qui a régné !

On n’attend pas le bus, juste la fin de l’averse !

Discret, Denis n’en perd pas une goutte.

Impossible de terminer cet article sans UN TRES GROS COUP DE CHAPEAU à Jean-Marie qui est l’auteur de cette galerie de portraits !

Jean-Marie l’espiègle, toujours prêt à rendre service. Mais qui a fait le portrait du portraitiste ?